Créer un site internet

OBSERVATION DU JAVELIER

© 2013 paroledejavelier

 

<<Le bon temps surtout, c' était l' époque des moissons, quand, la faux emmaillotée de paille et le javelier sur l'épaule, il partait "faire son août">>

Octave Mirbeau , La mort du père Dugué.

 

 

 

 

DESCRIPTION DETAILLEE DU JAVELIER 

Le javelier est donc utilisé lors des travaux de fenaison et de moisson .

Il se décline en quatre ou cinq productions, apparentées aux différentes céréales : orge, blé, avoine. La hauteur de ces céréales allant croissant, on trouve donc trois types de javelier :

3 doigts , pour l’ orge,

4 doigts, pour le blé,

5 doigts, pour l’ avoine :

 

Il existe également un javelier, moins répandu, à deux doigts, pour l’herbe :

 

Quand on regarde un javelier, on voit tout de suite la complexité de l’assemblage, et la multiplication des opérations de fabrication ; on observe également qu’il est toujours dans un bois de qualité, sans nœud (le plus souvent du frêne) : soumis aux aléas de la météo en période de moisson, subissant de fortes variations hygrométriques, le bois le composant doit être homogène ; sur certaines productions, sont introduites des vis de réglages (tension et parallélisme) en fer. Cette option ne fut pas celle de mon père, qui utilisa toujours un bois très résistant, l’acacia,  pour les vis ; un coup d’ œil de comparaison entre les deux solutions vous laisse imaginer le temps supplémentaire pour la version acacia…

 

Un javelier se compose ainsi de :

-        plusieurs doigts (2 à 5 selon l’ emploi);

-        deux barrettes, dont la largeur varie selon le nombre de doigts; l’une reçoit l’implantation des doigts,  la seconde les vis;

-        une baguette transversale, reliant et maintenant l'écartement des doigts.

-        Des vis, dont la tête traverse chaque doigt, qui assurent l’équilibre et la stabilité du javelier par leur serrage dans la seconde barrette.

-        Un haleçon, sorte d’ arceau de consolidation et de renfort, trouve son point d’appui sur la hante.

 

 

LES DOIGTS :

 

            Les doigts de javelier sont courbes, et passent plusieurs fois à la toupie, qui en dresse les formes grossières ; contours et finitions sont assurés à la main : la plane casse en les amincissant vers le bas les angles situés sous l’ œil qui reçoit la vis, le racloir adoucit l’ intérieur des doigts, car ils ne doivent pas rayer la paille ; quant à la pointe des doigts, elle s’obtient avec un touret, de même la base ancrée dans la première barrette . Sur un même javelier, les doigts sont de longueur croissante, le plus long se trouvant au-dessus de la faulx : les javelles s'en trouvent mieux serrées quand la faux se retire, le dernier doigt à agir, (donc juste au-desus de la faulx) étant le plus grand. L'espace entre les doigts varie, selon les fabrications, de 10 à 13 cm.

 Tourillonj pour l'embout des doigts de javelier

 

 

LES BARRETTES :

 

            Parties les plus simples de cette fabrication ; avec une attention particulière à l’angle de perçage des trous pour les vis, comme  à leur taraudage manuel.

 

Une petite barrette , plus précisément une baguette, va relier, en les traversant sous la tête de vis, tous les doigts du javelier. Parfois deux barrettes rondes remplacent la baguette rectangulaire.

 

 

 

LES VIS :

 

            En bois dur, comme il a été précisé. Toupillage, filetage pour ces éléments les plus vivants du javelier ; c’ est grâce à elles que l’on « monte » le javelier .

Pour passer la vis dans le doigt du javelier, le pied en est trempé  dans l'eau très chaude afin de ramollir l'oeil (trou recevant la vis), puis placé entre les mâchoires en bois d'un étau d'établi; la tête de vis, elle,  sera enduite de suif, et un coup de maillet lui fera traverser l'oeil et trouver sa place.

 Filière et taraud pour vis

              

 

L' HALEÇON :

 

Beaucoup de préparation pour ce bout de bois ! On comprend bien sa partie plate, entaillée des deux encoches qui maintiendront l’écartement des barrettes, et l’autre extrémité, passée au tourillon servant à fabriquer les dents de râteau, mais ça se complique pour le cintrage !

copie-de-100-7233-1.jpg

Avant d’ être courbée dans la partie centrale, un passage à la toupie doit réduire l’épaisseur de cette zone sans qu’elle ne soit fragilisée ; le cintrage, lui, ne peut s’obtenir qu’après avoir fait bouillir les haleçons dans un grand chaudron ; ils sont alors sortis de l’eau et pliés aussitôt entre les plots d’un gabarit, qui n’est autre qu’une échelle de bois coupée par le milieu des barreaux, utilisés de deux en deux, avec superposition de cinq à six haleçons par demi-barreau.

 

 

Voyons maintenant comment tout cela s' articule!

×