"Ardore solis"
(voir 36 A LA GLOIRE DU SOL)
Par un beau jour d'été, sous les feux allourdis
Et brûlants du soleil, une musique étrange
Projette son écho sous l'arcade des granges
Et se mêle au crin-crin des grillons du midi.
C'est la chanson rythmique et vive des faucheuses
Qu'interrompt, par instants, le refrain familier
Des pierres sur la faulx et sur le javelier.
C'est l'entrain réjoui des tâches fructueuses.
ACCESSOIRES
LA HANTE de faulx.
L’ élément principal de l’ensemble décrit précédemment est bien celui qui reçoit et la faulx et le javelier, à savoir la hampe, ou hante de faulx.
Le terme de « hante » usité en Normandie, n’ est cependant pas très connu et a été abandonné du dictionnaire; d'origine controversée (latine , francque , Littré ); il reste préférable à celui de « manche », par ailleurs utilisé pour désigner l’ appendice de l’outil de coupe (donc la faulx) et qui permet sa fixation.
La hante de faulx est un bâton rond d’environ 1,90 mètre de long et de 37 mm de diamètre, réalisé au tour à bâtons ; pour recevoir la faulx et son manchon de serrage, les dix centimètres du haut de la hante sont taillés en sifflet, pour sortir en son diamètre ; et pour y fixer le javelier, deux entailles servent à loger les barrettes, et un orifice percé en diagonale reçoit l’ haleçon, ou partie externe du javelier, ce qui renforce son maintien sur la hante, par une sorte de cerclage en bois.
Vers la moitié de la hante va se bloquer la poignée (avec une petite clavette forgée), orientée du même côté que la faulx, et qui recevra la main droite du faucheur ; ce dernier en fera lui-même le réglage approprié, selon sa propre taille et le contrepoids qu’il entend exercer de sa main gauche sur le pied de la hante.
FIXATION DE LA FAULX SUR LA HANTE :
La partie supérieure de la hante est recouverte d’un manchon-bague, au diamètre de la hante, dans lequel va être glissé le « manche » plat de la faulx, sorte d' ergot forgé à chaud lors des opérations d’étirage ; l’ensemble étant alors bloqué au marteau par une clavette.
Observation :
Une faulx est bien ajustée lorsque lorsque les arcs de cercle décrits et par la pointe et par le talon de l’outil se recouvrent ; si la pointe est trop ouverte, la coupe se fait mal, voire est impossible, si la pointe est « rentrée », la faulx aura tendance à planter. Le test se fait en prenant pour axe le pied de la hante, avec marquage au sol de la pointe, puis du talon de la faulx.
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Lorsqu’il part aux champs avec la faulx, le paysan a certes préparé son outil, et vérifié son parfait état de coupe ; même bien aiguisée, la faulx ne coupe bien longtemps sans de réguliers coups de « pierre à faulx », il faudra parfois la rebattre si elle a rencontré quelque caillou.
La pierre à faulx est souvent un petit morceau de pierre, de forme allongée, trouvée dans un champ depuis bien longtemps, et qui se lisse et se creuse au fil des générations : un bout de grès fait très bien l’ affaire. Des pierres industrielles, plus rugueuses, existent également. On dresse la faulx à la verticale, place la main gauche sur le dessus, pendant que la main droite en balaie le dessous, puis le dessus du tranchant, d’un mouvement régulier de va et vient, au crissement métallique. L’opération ne se pratique pas à sec : la pierre est préalablement trempée dans l’ eau ; le paysan a tout prévu.
Un coffin (parfois appelé « couillet » dans le fond des campagnes, au vu de sa position dans le dos du faucheur…), autrement dit une corne de bovin remplie d’ eau avec la pierre est fixée à la ceinture, rendant immédiatement disponible l’ emploi du « coup de pierre ».
Si la faulx a subi quelque morsure, une réparation peut être opérée sur place : le paysan a également fait suivre au champ une petite enclume (« enclumette ») et un marteau ; l’enclumette, d’ environ 40cm de haut est enfoncée dans le sol jusqu’au carré de métal faisant surface portante et empêchant de descendre plus profondément :
assis , l’ homme va alors rebattre la faulx sur l’ enclume, dans le sens de la longueur, en essayant de réduire l’ encoche malencontreuse par étirement du métal ; un « coup de pierre » peaufinera le travail.
La ceinture de flanelle : ne l’oublions pas ! De trois à quatre mètres de longueur, enroulée sur la chemise au bas des reins, le tout souvent sanglé par une ficelle-lieuse, elle a protégé des générations contre des maux de dos, des coups de froid et absorbait la sueur ! Plus qu’un accessoire, une auxiliaire de la vie aux champs...
Voyez la zone géographique d' utilisation de ces javeliers.